Actes Sud Leméac p. 297
Que ça devait être fatigant de vivre avec quelqu’un d’aussi négatif ! De ne jamais entendre un mot ensoleillé, de ne jamais voir une manifestation de joie, un geste de soulagement, de ne pas pouvoir même goûter le sel des larmes, mais n’entendre que ces réprobations, dont l’ensemble ne forme même pas une connaissance, une force, mais ne fait qu’aligner des marques évidentes d’amertume. C’est sans doute une qualité particulière que nous possédons, nous qui n’avons jamais été aimés : nous avons toujours besoin de vérifier la patience de tout le monde jusqu’au bout. D’avoir constamment la preuve que le monde entier est un enfer, parce que nous sommes nous-mêmes de la racaille de l’enfer.