Jorn Riel La passion secrète de fjordur

10-18 Domaine étranger p. 129

en fait Volmersen avait des problèmes. Ces jours passés chez le comte lui avaient donné une perception curieusement inverse de celle qu’il avait toujours menée. Il pensa à sa vie quotidienne à Copenhague. A son quatre-pièces, à ses promenades hygiéniques quotidiennes dans les rues, à son bureau, à ses clients, au bruit et au tumulte. Il pensa au grouillement des gens, à l’air lourd, à toute cette société détraquée où des lois et des réglementations, des politiciens, des autorités et autres rongeurs lui dévoraient la peau sur les os. Pour parler par images. Il essaya de repousser ces pensées, de considérer de manière positive la société dont il faisait partie, et qui ne lui voulait sûrement que du bien. Mais comment être positif, oui, simplement objectif en contemplant dans le même temps, au-delà de Grover Bay, la baie tranquille qui s’étendait sous le soleil de minuit jaune comme du miel, les montagnes vierges de toute présence humaine vers le nord, en sentant l’écho du silence absolu au plus profond de lui-même ? Comment pouvait-il défendre le chemin sur lequel il avait marché, maintenant qu’il se promenait depuis plusieurs jours sur celui du comte ?

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